Qui Sait Ce Qu’il A, N’en Prend Pas Toujours Soin

Quelqu’un de très proche de vous sait peut-être très bien à quel point vous êtes spécial et la lumière que vous rayonnez. Cependant, il ne prend pas toujours soin de vous comme vous le méritez. Peut-être pense-t-il que vous êtes comme un bel arbre aux racines profondes qui nourrit, abrite et ne proteste jamais. Peut-être que ce que vous ne savez pas, c’est qu’un jour vous serez celui qui se lasse de quelqu’un qui prend l’amour pour acquis.

Nous avons tous entendu plus d’une fois le dicton classique “vous ne saviez pas ce que vous aviez jusqu’à ce que vous l’ayez perdu”. Cependant, la réalité nous montre un autre type de version beaucoup plus concrète, beaucoup plus contradictoire et raffinée : il y a des gens qui, même en sachant très bien ce qu’ils ont avec eux, finissent par le négliger.

Parfois, les relations, comme les os, se brisent. Nous savons tous. Cependant, cette rupture ne se produit pas toujours du jour au lendemain de manière ponctuelle, traumatisante et dévastatrice. Les experts en relations de couple savent que ces processus sont lents et s’érodent, et c’est précisément ce désintérêt progressif envers l’autre qui finit par imprégner les univers personnels et affectifs de ses protagonistes.

Cultiver au quotidien une attitude reconnaissante, empathique et réfléchie nous permettrait de renforcer ces liens avec les personnes que nous aimons de manière plus saine. Cependant, .

Quand ils tiennent pour acquis que tu seras toujours là

Vous n’êtes pas comme ce rocher qui, un jour, se détache d’une montagne et reste enfoncé dans un creux mou pendant des décennies. Vous n’êtes pas un insecte piégé dans l’ambre, ni les anciennes racines d’un conifère. Rien en vous n’est éternel ou vivace. Les gens sont le vent, nous sommes la brise et nous sommes l’eau qui coule à travers une rivière. La vie est mouvement, croissance et flux éternel.

Tout comme notre être intérieur est dynamique et inscrit dans un processus de maturation constante, nos émotions le sont aussi. Par conséquent, celui qui comprend l’amour comme une dimension stable et permanente se trompe. L’amour a toujours faim : il a besoin de se nourrir et d’être nourri. Il a aussi besoin d’être valorisé et soigné, il a envie de sentir des chatouilles, d’écouter la musique du rire et de s’enivrer d’une complicité muette.

Tout cela nous oblige à comprendre quelque chose de très simple, quelque chose de très basique et illustratif : que l’amour, plus que la rencontre, se construit. Ainsi, quand on commence à prendre les choses pour acquises, on choisit en réalité d’arrêter d’investir, d’arrêter de construire et de choisir de s’ancrer dans l’idée dépassée que ceux qui nous aiment le feront toujours avec dévouement et inconditionnellement. Les lacunes n’auront pas d’importance, les silences ou le mépris n’auront pas d’importance car pour beaucoup l’amour est comme cette résine qui piège les insectes pour la vie.

L’amour per secula seculorum, irrévocable et éternel plus qu’une réalité est une apologie de notre société. Le « Je t’aimerai pour toujours, quoi que tu fasses » est une atteinte à notre propre dignité. Parce que dans les relations tout ne va pas ou n’est pas justifiable, et si nous nous habituons à être “pris pour acquis”, le jour viendra où nous prendrons aussi pour acquis et assumerons notre propre malheur.

Ce n’est pas la bonne chose.

D’autre part, il convient de rappeler ici ce qu’a dit Abraham Maslow : « Si le musicien veut être heureux, il doit faire de la musique, si le poète veut être poète, il doit écrire, si le peintre aime peindre, il doit peindre. .. Tout cela façonne cette dimension qui culmine la pyramide de nos besoins : la réalisation de soi ».

Si nous comprenons cela, nous comprendrons également ce qui suit : si quelqu’un nous aime, il aura le besoin naturel de nous rendre heureux, de promouvoir nos forces, de nous offrir ce dynamisme pour la vie avec lequel contribuer également à la croissance de la relation elle-même.

Maintenant, si celui qui est à nos côtés ne nous tient pas compte et suppose que nous serons toujours là quoi qu’il arrive, il  contribue à la répression, et la répression, ne l’oublions jamais, est la racine du malheur. Apprenons alors à choisir le bon chemin, mettons en pratique cet engagement authentique et loyal envers nous-mêmes pour nous rappeler qu’aimer c’est prendre soin et que l’amour est dévouement, appréciation et attention quotidienne du lien affectif.

Images reproduites avec l’aimable autorisation de Maggie Taylor